EXPO —
FANNY VIOLLET – JOURNAL DES MOUCHOIRS TROUVÉS (1990-2018)
21.02.2018 - 30.03.2018

Vernissage le 8 mars à partir de 18 h

Fanny Viollet est une Parisienne venue d’Angoulême qui a quitté son métier de professeur de mathématiques pour se tourner vers l’art. Enfant, elle a détesté les travaux et les ouvrages de dame ; adulte, elle a décidé, au moyen d’une aiguille et d’une machine à coudre, de les détourner de leur usage initial avec l’idée de broder des objets qui ont déjà vécu (un torchon, une chemise, un mouchoir trouvé dans la rue). Elle-même a donné à ses créations le nom de « piquetures ».

Les mouchoirs trouvés prennent sans doute leur source dans Quatre loquets à soulever, un poème de René Char qu’il lui a confié en 1982, jamais publié mais brodé en piqué libre dans une édition de poche de 12 mouchoirs. Et c’est à partir de 1990 que les mouchoirs, perdus ou abandonnés par ses propriétaires, se trouvent un nouveau foyer dans l’atelier de Fanny Viollet.

Ramassés dans un caniveau, trouvés au fond de la poche d’un manteau essayé dans une friperie ou ramenés de voyage (Belgique, Japon, Inde, Italie...), sales ou troués, ce n’est qu’après un bain et un repassage soigné que ces mouchoirs s’apprêtent à devenir la toile carrée de l’artiste. Après les avoir embaumés dans un vinyle cristal, Fanny Viollet les brode à la machine d’une inscription conçue le jour même, portant la date, le lieu et les circonstances dans lesquelles ils ont été découverts. Confondue dans les motifs imprimés du mouchoir ou sautant immédiatement aux yeux du spectateur, le texte brodé place Les mouchoirs trouvés à mi-chemin entre un journal intime, une carte postale ou encore une page de livre, où l’identité de l’artiste se mêle parfois, par le biais d’initiales, aux traces de celle de leur ancien propriétaire.

C’est dans la reprise en charge de ces carrés de tissu promis à la disparition que s’opère alors une sorte de retournement de leur sort : il aura fallu qu’ils se perdent pour qu’elle les trouve, qu’ils se salissent pour qu’elle les lave. Ensemble, tous ces mouchoirs brodent une vie, tissée dans les interstices et au gré de ces hasards. 


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