Espace indépendant, Rue Antoine est une galerie ouverte à la rue. Elle invite au dialogue avec des artistes reconnus ou non, déclarés ou non, contemporains ou non, au fil de collaborations évolutives : installations, performances, production et édition d’œuvres hybrides et originales.
ICILÀ de Frédéric Khodja
07.9.2024 - 05.10.2024
Tout est parti d’une archive de 1967 : un ensemble de diapositives sur la construction du périphérique parisien qui est aussi bien celui d’une destruction : celle de la Zone, bande de terre a priori inconstructible située en avant de l’enceinte de Thiers qui deviendra au XXe siècle un bidonville à ciel ouvert. A cette archive, s’en sont ajoutées d’autres : sites antiques d’Irak aujourd’hui pour la plupart détruits, photos de vacances d’une famille française dans les années 1970, couple de randonneurs à ski. De cette matière composite, Frédéric Khodja en a tiré Icilà, une installation qui poursuit l’exploration de ses fictions géographiques en mettant en présence deux formes d’expression aux relations aussi houleuses que fécondes : d’un côté la peinture, de l’autre la photographie, ici des encres sur toile intitulées « paysages périphériques », là une succession de quatre-vingts « diaphanes », chacun créé par la juxtaposition de deux diapositives trouvées. Ces collusions esthétiques, temporelles et géographiques ouvrent de nouvelles zones : un espace de contemplation pour les tableaux, jouant sur la capacité et le temps de l’œil à s’habituer à une vision toujours changeante, comme lorsqu’on cherche à voir à travers une vitre battue par le vent ou les essuie-glaces, oscillant entre composition et recomposition ; un espace de projection, inspiré des soirées diapo, où se brouillent les repères pour laisser affleurer des nappes de mémoire qui débordent le simple souvenir. TEXTES >> |
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HOST
12.06.2024 - 29.06.2024
Construite autour de l’idée d’hospitalité, l’exposition est l’occasion d’explorer les concepts attachés à cette notion, mais aussi d’engager une réflexion plus spécifique sur les questions de collaboration et d’influence entre artistes. En français, le terme « hôte » désigne à la fois celui qui reçoit et celui qui est reçu. En revanche, en anglais, deux termes antagonistes sont utilisés : « host » pour celui qui accueille, et « guest » pour celui qui est invité. L’hôte établit ainsi des règles et des usages, accueillant les autres sur son territoire, tandis que l’invité accepte implicitement de suivre ces règles, se sentant parfois pris en otage par celles-ci. La racine commune avec le mot « otage » (« hostage ») souligne toutefois qu’une dynamique ambiguë peut naître de ce choix. Dans cette perspective d’échanges et de dialogue, ou de confrontations, la galerie sera divisée en plusieurs espaces, chacun occupé par un duo d’artistes qui définiront leurs propres modalités d’accueil et de réception. Un dispositif qui permettra la création d’entités uniques et singulières, l’identité de chacun des artistes s’estompant au profit d’une identité commune et partagée. Cet échange artistique pourra prendre plusieurs formes : celui d’un simple dialogue entre deux œuvres, d’une modification du travail d’un artiste par l’autre (recouvrement, effacement, ajouts…) ou encore l’occupation de l’espace d’exposition par un artiste recueillant le travail de l’autre (mur peint, projection de surface, etc.). Un ensemble de possibilités qui interrogera la création à deux et favorisera la naissance de résonances et d’associations, ou au contraire révélera dans ce face à face des tensions irréconciliables. Avec : Jean-Michel Alberola / Robert Rauschenberg Jean-Jacques Lebel / Wolf Vostell Mathieu Weiler / Romain Bernini Nelly Maurel / Florence Reymond Laurent Derobert / les murmurations Emmanuel Lefrant / Duccio Maria Gambi Peter Miller / Freeman Patterson Marie-Luce Nadal / Jaquelyn Elder Événements Vernissage le 12 juin à partir de 18h, performance de Laurent Derobert & Paul Maestracci Le 22 juin à 20h, concert de Shoemale67 Le 28 juin à 20h, projection Light Cone archives |
LE TEMPS DE LIRE
4.05.2024 - 03.06.2024
L’exposition de Patrick Tresset nous invite à une réflexion sur la valeur du temps et de l’attention à l’ère du numérique. Dans un monde saturé d’informations et de sollicitations, où le capitalisme culturel règne en maître, l’acte de lire devient un geste de résistance et une reconquête de notre temporalité intérieure. Avec ses robots-dessinateurs, Tresset saisit l’essence de ces moments suspendus. Les traits frénétiques, presque nerveux, qui composent les figures des lectrices et des lecteurs, traduisent l’immobilité paradoxale du corps absorbé par la lecture. Cette exposition fait écho aux réflexions du philosophe Bernard Stiegler sur la “prolétarisation de l’attention”. Dans une société où la concentration est mise à rude épreuve, prendre le temps de s’immerger dans un texte devient un moyen de se réapproprier sa pensée. Mais pour Stiegler la technologie n’est pas intrinsèquement mauvaise : une masse peut servir à fracasser la tête de notre voisin, mais aussi à sculpter les esclaves de Michel-Ange. Ici, les robots, loin de nous asservir, deviennent des outils de contemplation, témoins silencieux de notre capacité à nous extraire du flux incessant des stimuli. L’invitation à participer à une performance, à se laisser dessiner par une machine pendant 30 minutes de lecture, amplifiera cette expérience. Une occasion de s’immerger dans le temps long, de renouer avec la lenteur et la profondeur de l’instant présent. |
Réservez une séance de 20 à 30 minutes durant laquelle vous lirez un livre choisi à la galerie ou que vous aurez apporté. Pendant la performance, deux robots vous observeront et dessineront : https://patricktresset.com/new/lire/
ABSTRACTION FAITE
12.04.2024 - 27.04.2024
Vingt-six matins et arpentages à ciel ouvert, à Paris, Strasbourg et Bruxelles.
Vingt-six raisons de se lever.
Vingt-six objets perdus, rapportés et inventés.
Vingt-six lettres. Vingt-six objets. Vingt-six titres. Vingt-six photographies.
Abstraction faite, une exposition de Nicolas Hecquet, marchand mercier.